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La tradition et le Beursault

 

Le Beursault est avec le tir à la perche, le tir traditionnel Français et ce depuis plus de 5 siècles. Il est intimement lié à la tradition de la chevalerie d’arc et y est souvent associé. Son nom vient du vieux Français Bersail : But ou Cible du tireur qui a donné bersailler ou bercer ce qui signifiait bander ou tirer à l’arc.

 

Une jeu de Beursault se compose de 2 buttes de tir qui se font face, espacées de 50m. Dans le passé, la distance entre les deux buttes était de 28 toises soit 54.60m (une toise valant 1.95m) ; le tireur se plaçait à environ 25 toises de la buttes sur laquelle il devait envoyer sa flèche. Cela reste toujours vrai puisque la distance de 50m est calculée du pas de tir d’une butte à la cible de la butte opposée.

 

Le Beursault peut se tirer sous plusieurs formes que nous allons évoquer. Le tir se déroule suivant des règles très précises qui n’ont été que très peu modifiées depuis toutes ces années pour arriver jusqu’à nos jours quasiment à leur état d’origine.

 

Le beursault se tire traditionnellement à une flèche. En effet, dans le passé celles-ci étaient fabriquées par les archers eux-mêmes, qui malgré tout le soin qu’ils apportaient, ne parvenaient jamais à réaliser exactement 2 fois la même flèche avec les mêmes qualités balistique. Par conséquent, ils ne tiraient toujours que leur meilleure.

 

Le Bersault apporte un plaisir particulier car d’une part, comme il se tire à une flèche, ceci permet d’effectuer une marche de 50m pour se décontracter et ainsi mieux soigner la flèche suivant, et d’autre part, on tire dans l’honneur (l’intérieur de la cible), ce qui pour un Chevalier d’Arc est symboliquement important.

 

Le Beursault se pratique traditionnellement dans un jeu (ou jardin) d’arc. On y trouve chaque fois toute la convivialité des Compagnies d’Arc, mais aussi l’application des règles qui régissent ce noble sport, ce qui donne ce charme si particulier à cette forme de tir. Nous notons cependant qu’en raison des circonstances de l’évolution du monde moderne, certaines règles tendent à disparaître. Ainsi, certaines installations sont telles qu’il est parfois plus pratique de monter son matériel dans la salle alors que la tradition le réprouve.

Certains demandent « permission ! » par correction, et il leur ait répondu « accordé ! » pour la même raison. Ce système à l’avantage de la courtoisie mais il faut constater qu’il est irrégulièrement suivi. Aussi, par l’exemple nous préconisons 2 choses :

 

1)      d’afficher clairement à l’entrée de la salle de garde dans quelles conditions la Compagnie autorise de s’armer à l’intérieur.

2)     De mettre les accessoires sur l’arc qu’à l’extérieur de la salle car certaines sont exiguës et l’on peut gêner les personnes présentes.

 

Toutefois, la majorité des règles traditionnelles sont encore en vigueur et les Chevaliers contemporains ont le devoir d’en assurer la continuité. Pour faciliter cette tâche nous allons décrire les différents tirs qui se pratiquent en Bersault et les règles qui s’y rapportent.

 

 

I.                  Le Prix Général :

 

C’est un concours annuel organisé par une Compagnie, dans son jeu d’arc. Celle-ci ouvre ses portes généralement le samedi après-midi, le dimanche toute la journée et les jours fériés. Des Chevaliers et archers de cette Compagnie doivent être présents pour accueillir les tireurs extérieurs qui viennent réaliser le meilleur coup en tirant 60 flèches (c’étaient précédemment 80). Les tours de garde doivent être assurés par tous mais il doit y avoir au minimum un Chevalier de présent à chaque garde.

 

La Compagnie reste ouverte plusieurs semaines et l’engagement est payant. Les inscriptions ainsi que les coups faits sont répertoriés sur un registre. Les prix gagnés sont le produit de toutes les mises moins les frais de la Compagnie organisatrice estimés à 20 %.

 

TRADITIONNELLEMENT, et parce que  par le passé il avait été convenu de rembourser le prix du transport à ceux qui aient bien tiré, il est adjoint un prix spécial (appelé aussi petit prix) qui permet de rembourser deux coups au noir.

Sa mise est illimitée. Egalement, certaines Compagnies, au cours de ce même tir y ajoutent un prix particulier ou un challenge qui permet de distribuer d’autres récompenses en fonction de l’addition des points, des honneurs, des chapelets ou des noirs.

 

Déroulement du tir :

 

-         Un chevalier doit être présent à chaque tour de garde, il est d’usage que le Capitaine, sinon le premier lieutenant, prenne en charge le premier et le dernier tour de garde. En effet, à l’ouverture du prix général, l’urne, dans laquelle les coups des marmots sont recueillis, doit être présentée vide pour approbation à un archer d’une autre Compagnie et scellée en sa présence par l’officier de garde. Lors de la fermeture du prix, l’urne est ouverte par l’officier et les coups sont mesurés en présence également d’un archer d’une autre Compagnie. Le Capitaine ou son lieutenant doit donc ouvrir et fermer officiellement son prix général.

 

-         Les inscriptions sont admises jusqu’à l’heure prévue. Mais un Chevalier ou archer ne peut obliger un homme de garde à rester après l’heure de fermeture. La courtoisie veut que l’homme de garde et le tireur se mettent d’accord pour, soit continuer à tirer après l’heure, sinon stopper à l’heure de fermeture. Si c’est le cas, il fera inscrire sur le registre le nombre de haltes restant à tirer. S’il ne tire pas, il se fera néanmoins inscrire avec la mention « n’a pas tiré » et il pourra revenir ultérieurement pour tirer sans miser. Mais en aucun cas sa mise, sauf sir elle est présentée après l’heure prévue, ne pourra être refusée par l’homme de garde.

 

-         A partir de 6 tireurs, un peloton ne peut admettre de tireur supplémentaire qu’avec l’accord unanime des tireurs du peloton. Si dans ce même peloton figure un tireur de la Compagnie organisatrice, il devra laisser sa place. IL fera noter au greffier le nombre de haltes lui restant à tirer.

 

 

 

-         Il est toléré qu’un homme de garde tire, sous réserve que le service du prix général soit assuré. Il est également possible qu’un tireur, d’une Compagnie qui rend son prix tire en l’absence de tireurs extérieurs. Dans ce cas, il faut qu’un Chevalier soit présent pour surveiller le tir et contrôler les coups.

 

-         Il est d’usage de payer sa mise avant le tir.

 

-         On commence toujours le tir en lançant sa première flèche vers la butte d’attaque (c'est là que vient son nom). De la même manière, on termine toujours en tirant sa dernière flèche vers la butte maîtresse. Même si son score est médiocre, un Chevalier n’abandonne pas, il reste en compagnie de ses confère jusqu’à la fin du tir. En cas d’incident matériel ou de force majeur, il peut être autorisé à ne pas renvoyer sa flèche vers la butte maîtresse. Il prendra toutes les précautions d’usage, en informant le premier du peloton, pour sécuriser sa sortie. S’il reprend le tir, c’est à l’endroit où il l’a arrêté. Il pourra être autorisé à retirer ultérieurement les haltes manquantes.

 

-         La formation d’un peloton n’a pas d’ordre précis, mais il est d’usage que ce soit le premier qui « paye », c'est-à-dire qui tienne la marque du nombre de haltes tirées. De plus, c’est lui qui donne le signal pour entrer à nouveau sous une butte chaque fois que le dernier tireur du peloton a tiré. C’est lui enfin qui empêche le peloton de trier s’il y a « un mort ». En conséquence et malgré le respect de la tradition qui préconise que ce soit le Roy qui tire en tête de peloton, il est préférable au plan de la sécurité de céder cette place à un tireur expérimenté.

 

-         Il est de tradition d’annoncer les coups au chapelet (douleur !) ou au noir (elle est bonne !). Ce dernier coup devra être annoncé très rapidement clairement et même s’il y a un doute, car cet appel permet l’arrêt du tir et la vérification du coup par l’homme de garde. On prendra soin quand même d’éviter de crier au moment ou un archer situé sur l’autre pas de tir va décocher.

 

Pour éviter tout manquement à la sécurité dans un tir beursault, il est d’usage de respecter certaines règles qui ont parfois été oubliées.

 

  1. On ne modifie jamais l’ordre du peloton
  2. On ne laisse jamais un pas de tir libre alors qu’il reste encore un tireur. Un pas de tir en activité doit toujours être couvert.
  3. En cas d’entrant ou sortant, l’annonce doit être faite clairement pour tous, mais surtout entendue par le premier peloton.
  4. Le garde panton, c'est-à-dire le dernier tireur du peloton doit, après avoir tiré sa flèche rester devant l’entrée de la butte pour éviter que personne n’y pénètre et d’autre part annoncer le coup au premier du peloton qui renvois sa flèche. Il rejoindra l’autre butte lorsque celui-ci sera revenu.
  5. Un tir peut s’arrêter provisoirement avec l’accord de tous, pour entrer se désaltérer en salle de garde par exemple. Tous les tireurs devront avoir tiré leurs flèches qu’ils auront envoyés vers la butte d’attaque. Les arcs seront laissés sous la butte maîtresse dans l’attente du retour du premier peloton.
  6. S’il y a un danger quelconque à tirer, ne jamais décocher une flèche sans crier « gare »
  7. Pour rappel, le passage au tronc est immédiat. Pour éviter de perturber le déroulement du tir, on aura pris soin au préalable de disposer le tronc sous la butte maîtresse afin qu’elle soit immédiatement disponible sans avoir à désarmer pour pénétrer dans la salle de garde.

 

Coup au Noir

 

- En cours de tir, un noir peut être touché. Pour rappel, un coup au noir n’est remboursé que si le coup est à l’intérieur du noir donc égal ou inférieur à 20 mm du centre. Même en cas de doute, il est préférable d’arrêter le tir en cirant : « elle est bonne ! » et ce le plus clairement et le plus rapidement possible après l’arrivée de la flèche pour des raisons évidentes de sécurité.

- Avant de s’engager devant la cible, il est préférable de s’assurer, en regardant dans le miroir placé à cet effet sous la butte qu’un tireur ne s’apprête pas à tirer. Pour bien faire comprendre que le tir doit être stoppé, dans certaines Compagnies, l’homme de garde agite un drapeau rouge signalant l’arrêt provisoire du tir. Il est conseillé de prendre toutes les précautions sachant que l’appel ‘elle est bonne ! » N’est pas obligatoirement bien entendu par le tireur qui suit.

- Si le noir n’est pas bon, il est préférable de retirer le marmot car si une flèche vient à faire le noir à proximité du précèdent trou, il risque d’y avoir difficulté à calculer le coup.

- Si le noir est bon, il faut ôter ensemble flèche et le marmot de la carte. Pour cela, enlever ou faire enlever les flèches gênantes, puis ôter les fiches (clous), désassembler légèrement le marmot de la carte puis passer la main derrière le marmot afin de maintenir ensemble entre les doigts, la flèche et le marmot. Retirer doucement le tout sans écarter la flèche pour ne pas agrandir son trou. Poser le tout en remplacer le Marmot.

- Pour changer un Marmot ; il convient d’en avoir toujours un à portée de la main. Pour ne pas avoir à ressortir du pas de tir. Il ne faut jamais laisser un pas de tir vide alors que le changement du Marmot n’est pas terminé. Il faut soit s’en faire apporter un soit poser un arc en travers de la butte en signe d’attente. Puis après avoir enfiché un nouveau Marmot, tête découverte, il faut indiquer du doigt le noir au tireur suivant en lui cirant : « il est là ». Cet appel lui fait comprendre que le tir va pouvoir reprendre. Alors il doit lui répondre : « merci chevalier » et accompagner sa réponse d’un geste en levant le bras permettant à l’homme de garde de s’assurer que son appel a été bien reçu. A noter que cette réponse doit également être faite si l’homme de  a crier « couvrez » car le Marmot n’a pas été changé.

- Puis l’homme de garde s’efface du pas de tir sans repasser devant la carte. Il devra toujours faire son annonce : « il est là ! » interposé entre la carte et la sortie de la butte.

- Il va ensuite présenter au tireur sa flèche sachant que c’est lui qui doit l’ôter. Pour cela il convient que la main soit à plat sur le Marmot et laissant passer la flèche entre les doigts. On présente le tout flèche en avant en annoncent « félicitations chevalier ». Après quoi le tireur saisis sa flèche et la sort du Marmot sans faire de rotation afin de ne pas agrandir le trou, puis répond : « Merci chevalier ». Cette pratique est traditionnelle au Beursault, aussi il est admis que l’on tienne ce langage même si le tireur n’est pas chevalier.

 

En fin de tir il était d’usage de débander l’arc sous la butte d’attaque, mais en fonction de la gène provoquée par les accessoires actuels, il est dangereux de pratiquer ainsi. Il est donc admis de débander l’arc au bandoir de la compagnie au retour de sa dernière flèche.

 

Le prix général est un concours et ce titre, il est admis que certaines traditions ne soient plus pratiquées comme par exemple : Tirer sa première flèche la tête couverte, annoncer les coups etc.

 

Cependant lors des tirs hors concours, Abat Oiseau ; Parties de Jardin ; Saint Sébastien ; Parties de Deuil et Tirs à événements exceptionnels, les règles traditionnelle du beursault DOIVENT ETRE APPLIQUEES.

 

La tradition et le Beursault